Les feuilles d'Octobre

Blog en pause, ce n'est pas le bon moment, finalement.

Tout doucement, sans se stresser : on ne risque pas l'anoxie à cause de quelques secondes sans air. Bien ajuster la force de l'inspiration, sinon tout se bloque. Ne prêter aucune attention au bruit bizarre, du moment que l'air passe. Pause. On reprend. Quand la quantité d'air sera suffisante, déclencher la quinte de toux pour expectorer. Et recommencer la séquence jusqu'à ce que le filet d'air puisse aller et venir sans gêne et en silence.

Douleur dans la zone du larynx. Gorge en feu. Vertiges.

Tenter de dormir un peu tant que la respiration est fluide.

Photo proposée par Canalblog, elle n'est pas de moi

Il se trompe, lorsqu'il dit que personne ne serait affecté par sa disparition.

Il se trompe complètement.

Il se trompe lourdement.

Mais j'ignore comment le lui dire sans qu'il mésinterprète mes mots, sans qu'il y lise un sens qui n'y est pas en ratant le message que je veux transmettre.

Et puis une des choses que les années m'ont apprises est que ces mots de réconfort ne peuvent être entendus et n'avoir de valeur que prononcées par certaines personnes, de ces personnes qui comptent, qui manquent, qui créent le vide, et qui sont irremplaçables au point qu'une seule miette de leur intérêt aurait dix millions de fois plus de valeur que toute la masse du nôtre, fût-il solide et sincère.

Car on se fiche de compter pour qui ne compte pas pour soi.

Alors je tais mes mots et m'accroche à l'espoir que le peu que je réussisse à faire passer contribue à compenser un peu la douleur du vide.

Avec en filigrane, un lancinant sentiment d'impuissance mêlé d'inquiétude.

Mes retrouvailles avec le crayon, après des années de séparation, s'avèrent plus fraîches que prévues : mes doigts ne répondent plus, et ma créativité s'est émoussée. Je ne parle même pas du travail de la couleur...

En revanche, j'ai apprécié les vertus "recentrantes" de l'activité.

Un de mes objectifs de 2022...

Octobre émerge parfois du néant de pixels, sous une forme ou sous une autre, le temps de partager un peu de ses pensées, pour des durées plus ou moins longues, avant de se dissoudre à nouveau dans le néant numérique. Ceci est une énième incarnation.

Écrire.
Il me faut écrire.
J’ai beaucoup écrit, déjà.
Mis en ligne.
Effacé.
Je ne sais pas aller vers les autres et mes mots font de bien piètres appâts.
On m’apprécie, mais de loin.
On échange avec moi, mais avec mesure.
En gardant ses distances. Il en va ainsi de ceux qui ne savent se rendre sympathiques.
C’est sans grande importance au final. Mais j’aime écrire, et j’aime croire qu’on me lit.

Voici donc Octobre, et ses feuilles colorées de mots, qu’elle va jeter au vent numérique… qui lira verra…